jeudi 22 janvier 2009

Monde Diplomatique: La Scientologie contre la République

Le Monde Diplomatique a publié en 1999 cet excellent texte récapitulatif de Paul Ariès à propos des dangers que pose la scientologie sur les sociétés démocratiques. Le contenu est encore d'actualité, et synthétise bien ce qu'est réellement la scientologie: une arnaque totalisante.

SI la prochaine mission d’enquête parlementaire sur les sectes, en France, se concentre sur leurs relations avec les entreprises, c’est principalement l’Eglise de scientologie qui est visée. Son prosélytisme agressif (centres de formation, mobilisation de stars du show-business ou des champions sportifs) et son influence inquiètent, on l’a vu à l’occasion du procès de Paris, en octobre 1998, où un tome et demi du dossier d’instruction a disparu - et le monde politique, en apparence, s’accorde pour considérer cette Eglise comme le groupe le plus nocif.

La « réussite » de la Scientologie révèle certaines tendances lourdes de la modernité marchande, et c’est en cela qu’elle forme un objet d’étude intéressant. Culte de la technique, mystique de l’institution : l’Eglise de scientologie considère que le problème, dans l’homme, c’est l’homme lui-même. Il faudrait le « libérer » de ses imperfections, de ses dépendances, de ses faiblesses... bref de son humanité même. Pour réhabiliter l’humanité, la Scientologie entend lui substituer des « tech », techniques censées livrer la puissance. Il existe des « tech » pour penser, pour communiquer, pour vendre, pour le couple, etc.

Les « tech » sont l’oeuvre d’un Américain, Lafayette Ronald Hubbard (1911-1986), auteur prolixe de romans de science-fiction, mais aussi génie mythomane (1). Il serait le seul être à avoir trouvé, au péril de sa vie, la « route vers la liberté totale ». La « tech standard », qu’il a tirée de cette expérience, serait « libératrice ». Mais elle débouche, en fait, sur la servitude. Elle réduit l’individu à un ensemble de techniques, le transformant en un exemplaire d’une identité fondée sur des normes. La Scientologie profane ainsi ce qui est généralement considéré comme sacré (l’humain, le lien social) et sacralise en retour le profane (l’argent, la technique, le marché).
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