mardi 30 mars 2010

«Scientology, a history of violence» #1: la violence est le fondement de la scientologie

La première partie de l'enquête d'Anderson Cooper à propos des abus de la scientologie est disponible sur Youtube:






Elle se résume à une confrontation entre le témoignage de l'ex-vice-président de la scientologie, Marty Rathbun, et le porte-parole de la corporation, Tommy Davis.

Les faits ne sont pas nouveau: pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l'exemplaire série de reportage du St. Petersburg Times publié cet été. Pour la première fois, ces abus sont exposés sur les ondes d'une émission à heure de grande écoute sur l'un des réseaux les plus regardés au monde. Ceci constitue une grande victoire pour les critiques de la scientologie.

Marty Rathbun mérite d'avoir eu le courage de participer à cette émission. Toutefois, il déraille lorsqu'il soutient que l'attitude violente du chef de la scientologie, David Miscavige, ne correspond pas à ce que prône la scientologie. Au contraire, la violence est fait partie intégrale de la scientologie.

Alors qu'il fuyait les polices du monde entier à bord de sa flotte de bateau, L. Ron Hubbard lançait des scientologues par-dessus bord et les séquestrait.

Hubbard a crée des camps de rééducations, le Rehabilitation Project Force, où les scientologues sont traités dans des conditions digne des goulags soviétiques. Il a crée des procédures d'hypnoses afin de transformer tout être humain libre en robot incapable de penser par lui-même - et de cligner des yeux, si vous en juger par les témoignages des scientologues du reportage. Une pratique parmi mille: on fait courir les scientologues autour d'un poteau durant huit heures afin de les «casser».

Il a crée une escouade de fier-à-bras (Le Guardian Office, plus tard Organisation of Special Affairs) afin de mater les critiques. Il a mis sur pied un corps paramilitaire, la Sea Org, où le maniement d'armes est enseigné.

C'est le même homme qui voulait «une civilisation sans folie, sans criminels et sans guerre» qui écrivait:

  • Never wait. Never talk about us - only them. Use their blood, sex, crime to get headlines (Hubbard, "Attacks on Scientology", HCO Policy Letter of 15 Feb 1966)
  • We do not find critics of Scientology who do not have criminal pasts. (...) Never discuss Scientology with the critic. Just discuss his or her crimes, known and unknown." (HCO Bulletin of 27 August, 1987).
  • Fair Game - A person who is "suppressive" is considered an "enemy" and "may be deprived of property or injured by any means by any Scientologist without any discipline of the Scientologist. May be tricked, sued or lied to or destroyed" (HCO Policy Letter of 18 October, 1967).
  • "There are only two answers for the handling of people from 2.0 down on the Tone Scale (NDLR: Les communistes et les homosexuels), neither one of which has anything to do with reasoning with them or listening to their justification of their acts. The first is to raise them on the Tone Scale by un-enturbulating some of their theta by any one of the three valid processes. The other is to dispose of them quietly and without sorrow." (L. Ron Hubbard, SCIENCE OF SURVIVAL, p. 170)


Ces écrits font partis intégrale de la doctrine de la scientologie: tous les écrits de Hubbard, sauf ces romans de science-fiction, sont considérés comme des écrits religieux auxquels il ne faut pas déroger, sous peine de représailles.

David Miscavige est un pur produit de la scientologie. Ses parents étaient scientologues depuis son tout jeune âge, il s'en impliqué dans la scientologie depuis son adolescence, et il a été un serviteur loyal et un proche de Hubbard. Il était l'un des rares personnes autorisés à rencontrer Hubbard à la fin de ses jours, lui qui était caché dans un ranch en Californie afin de fuir le FBI.

Hubbard a créé un système totalitaire où il est impossible de déroger: Hubbard promeut la violence, le résultat final est la violence. C'était le cas des les débuts de la scientologie dans les années 50, c'est encore le cas aujourd'hui, et sera toujours le cas dans le futur.

Peu importe qui sera le chef de la scientologie, la violence aura toujours lieu et cours. À défaut d'arguments scientifiques et rationnels afin de prouver la validité des affirmations de la multinationale, il ne leur reste plus que les menaces, la violence verbale et les agressions physiques comme mécanisme de coercition.

6 commentaires:

  1. Si Rathbun déclare que la violence ne fait pas partie du dogme scientologique, c'est peut-être parce qu'il est "squirrel" (pour les non-connaisseurs : il fait de la sciento en dehors de la Sciento).
    Il ne va donc pas scier la branche sur laquelle il est assis.
    C'est le problème majeur de tous ses adeptes de haut niveau qui quittent la secte aujourd'hui. Ils restent convaincus des bienfaits de la scientologie et estiment que c'est l'Église qui a dévoyé le dogme.
    Ces défections publiques sont une bonne chose. Mais leur portée est limitée à moyen terme.

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  2. @Trantorien: je crois au contraire que c'est une très bonne chose que des gens comme Rathbun dénonce l'organisation de la scientologie sur la place publique. Avant, la scientologie était «la secte de Tom Cruise», puis elle est devenue «la secte qui croit en Xenu l'extraterrestre». Elle est en train de devenir «la secte où ses membres sont battus violemment». Les raisons pour laquelle cette corporation est dangereuse deviennent soudainement concrète pour les citoyens.

    Je ne partage pas l'opinion de Rathbun à propos de la scientologie, mais son geste diminue encore plus la crédibilité de la multinationale. Ce n'est pour rien que la secte tente de le faire taire.

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  3. @AnonymousMontréal : J'ai écrit « Ces défections publiques sont une bonne chose.» C'est une évidence.

    Je pense simplement que, d'ici quelque temps, l'Église de scientologie va s'adapter à ce genre de défections publiques. Et qu'elle saura tourner cela en un prétendu désaccord entre l'orthodoxie et des réformateurs. Cela s'est déjà vu par le passé.

    L'immense majorité des gens ne font pas la différence entre la scientologie et l'Église de scientologie. Donc, si l'Église sait mettre en place sa comm (et elle sait le faire...), elle aura beau jeu de dire que ces défecteurs font encore de la sciento en dehors de l'Église.

    Et je crains qu'à ce moment-là, le public ne soit quelque peu circonspect. En effet, on leur balance à la cantonnade l'histoire de Xenu pour prouver que la Sciento, c'est du délire.
    Mais s'il advient qu'un des défecteurs majeurs continue de croire à ces âneries en dehors de l'Église, le grand public va finir par penser que, finalement, il est aussi weird que les scientologues de l'Église.

    Et que vaut l'avis public de quelqu'un que l'on prend pour un doux dingue ? C'est en cela que je dis que ces défections de scientologues qui continuent à faire de la scientologie ont une portée limitée à moyen terme.

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  4. «Scientologie vs freezone» est un sujet sur lequel on pourrait s'étendre longuement, et on compte par ailleurs écrire quelque chose sur le sujet sous peu.

    La freezone est à géométrie variable: certains croient en Xenu, d'autre non. Chacun y prend ce qui lui semble bon et le pratique. Jusqu'à quel point le public va prendre un freezoner pour un doux dingue va dépendre des éléments qu'il a repiqué de Hubbard.

    Une chose est toutefois certaine: contrairement à la scientologie, les freezoners ne croient pas aux abus actuels de la corporation de la scientologie, et c'est pour cette raison qu'ils ont décidé de quitter l'organisation et de la dénoncer. C'est le début d'une pensée critique, et pour cette seule raison, le public est, je crois, plus enclin à les prendre au sérieux, même s'ils croient aux écrits de Hubbard.

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  5. C'est très vrai. Reste à savoir quelle sera la force de persuasion des campagnes de propagande lancées par l'Église pour faire apparaître ces transfuges comme des "piqueurs de tech".

    D'un autre côté, c'est sûr que plus ces transfuges sont nombreux et enclins à dénoncer les activités illégales au sein de l'orthodoxie sciento, plus il y a de chance de faire entendre raison à l'opinion publique.

    D'où l'intérêt d'un blogue comme le vôtre au niveau québécois (voire canadien).

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  6. L'impact d'une campagne sera faible, à mon avis. Ça fait des années que la scientologie dénonce de vive voix des entreprises de croissance personnelle tels que Landmark Education - où des éléments de la scientologie sont repiqués -, mais sans succès. Je doute qu'elle réussisse à faire de même avec des détracteurs influents.

    Merci pour les bons mots. :-)

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