Cette photo, prise au début novembre, prouve que la scientologie, sous le couvert d'un «Centre de Dianétique» vient d'ouvrir un autre commerce à Montréal, près du Carré Saint-Louis, à la frontière du Quartier Latin.
Écrit par le fondateur de la secte, L. Ron Hubbard, aux débuts des années 1950, La Dianétique est l'un des livres de pseudo-sciences les plus vendus dans l'histoire de l'édition. Écrit dans un style lourd et soporifique - question de mieux hypnotiser le lecteur? -, Hubbard y entremêle des notions de psychanalyse, de psycho-pop et d'hypnose et prétend avoir conçu une thérapie miracle qui guérirait tout, même les maux incurables.
(Notons que si les techniques de La Dianétique ont fait le plus grand bien à la santé financière d'Hubbard, qui en 1982 avait amassé une fortune personnelle estimée à 200 millions de dollars, elle n'ont en revanche fait aucun bien sur sa santé mentale: à sa mort, les médecins légistes ont retrouvé des traces de Vistaril dans son sang. Comble de l'ironie, le Vistaril est un médicament utilisé en psychiatrie pour combattre l'anxiété. Ironique de constater que La Dianétique n'est pas venu à bout des problèmes mentaux de L. Ron Hubbard...)
Près de 60 ans après sa publication, La Dianétique est utilisée comme appât afin d'attirer en scientologie des gens qui croient avoir affaire à un livre de croissance personnel. Rien de bien nouveau sous le soleil, l'organisation reprend une stratégie vieille comme le marketing et la politique: cacher la scientologie derrière des groupes paravents afin de mieux la promouvoir. Puisque la marque «Église de scientologie» a mauvaise presse, d'autres sont utilisés pour diffuser les idées de la scientologie: Narconon Trois-Rivières, Académie des Petits Phénix, WISE... ou Centre de Dianétique.
L'ancienne adresse du «Centre de dianétique de Montréal» était la même que le commerce de la scientologie; il est logique de louer un autre local afin de mieux cacher les liens unissant les deux.
Les deux locaux sont distincts, mais les faits ne mentent pas: il s'agit bel et bien d'un local de scientologie déguisé. De un, une rapide recherche dans Google démontre qu'un des numéros de téléphone sur l'affiche est le téléphone portable de Renald Fortin, un scientologue notoire. De deux, tel que l'explique avec son éloquence habituelle l'auteur du blogue critique Ask The Scientologist, le nom Dianétique est systématiquement utilisé par la multinationale dans des endroits où la scientologie n'est pas la bienvenue:
So, Dianetics was brought back from obscurity as the ultimate front-group for Scientology. That's why you don't see Scientology in the malls. That's why you don't see Scientology on the streets, at the "stress test" tables. You only see Dianetics. It's a trick.Maintenant, la question de 15 millions de dollars: pourquoi avoir choisi ce bureau plutôt qu'un autre? C'est qu'il est probable que la multinationale de la scientologie veuille se rapprocher des étudiants.
And that's why you see "Dianetics Centers", as a business, in countries and cultures where the religion of Scientology would be unwelcome. But, even with that name it is and will always be Scientology.
In this way, the Church of Scientology attempts to have its cake and eat it too. It tries, with Dianetics, to get all the benefits of being a money-making non-religious business, while still, under the Scientology name, attempting to get all the benefits and protections of being a religion. It's the same organization, trying to play the game both ways.
En juillet 2007, elle a acheté de l'UQAM (!) l'édifice La Patrie pour un montant de 4,7 millions afin d'y aménager un nouveau commerce.... à deux pas de l'UQAM. (Au moment d'écrire ces lignes en novembre 2009, l'édifice est encore vacant).
En avril 2009, un des groupes de façade de la secte, la Commission des Citoyens pour les droits de l'homme (CCDH) a réussi à tenir pour une semaine, moyennant un paiement d'environ 1,250$, une exposition anti-psychiatrie dans les murs même de l'Université Concordia. Le groupe y faisait la promotion du discours haineux de la scientologie envers la psychiatrie.
Et maintenant, l'organisation ouvre un local à quelques centaines de mètres de marche de l'UQAM.
Pourquoi autant d'intérêt envers les étudiants? Ils ont toujours été des cibles privilégiés des groupes sectaires... car quoi de plus vulnérables que des jeunes hommes et des jeunes femmes aux brillants futurs qui se posent des questions sur le sens de la vie?
Ainsi, les universitaires d'aujourd'hui sont ceux qui, demain, auront de l'argent, de l'influence et un réseau de contacts dans lequel ils pourront diffuser la pseudo-science de la scientologie.
Attendons-nous à une campagne de recrutement majeure du groupe. D'autant plus que, partout à travers le monde, les scientologues quittent massivement la secte. Aux États-Unis, où les scientologues sont les plus nombreux, l'American Religious Identification Survey de 2008 démontre que, d'environ 55,000 en 2001, le nombre a dramatiquement baissé à environ 25,000. Et ces chiffres ont été compilés avant la campagne mondiale d'Anonymous contre les abus de la scientologie et les fracassantes sorties publiques d'anciens adeptes tels que le réalisateur Paul Haggis, Mark Headley, Marty Rathbun ou, en Europe, d'Alain Stoffen.
Au Québec, les courriels internes de la scientologie démontrent que les scientologues québécois sont démotivés. Extrait:
Épargnez-moi vos sursauts d'indignation, parce que la majorité d'entre nous ne font ABSOLUEMENT RIEN pour disséminer la Scientologie à Montréal. Parce que si c'était le cas, on serait pas seulement 33 aux events de fundraising, on serait pas seulement 25 au GIM (pour ceux qui ne savent pas c'est quoi le Groupe Idéal de Montréal, c'est le groupe que Yves Fiset a mis sur pied pour faire boomer la dissémination à Montréal) et l'org et le champs de Montréal ne serait pas toujours aussi petits!
Pas étonnant que la scientologie veut un peu de sang neuf. Elle risque toutefois de frapper un nœud dans ces campagnes de recrutement: la communauté de l'UQAM, informée par Anonymous, est maintenant au courant des abus financiers et psychologiques de la scientologie. Elle observe, s'informe... et elle n'aime pas ce qu'elle voit.
À suivre?
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